Introduction

(Du livre "Le Principe Moteur de l'Univers et l'Espace-Temps")

 

            J'ai écrit il y a plus d'une vingtaine d'années un livre sur ce sujet intitulé À la recherche de la théorie de l'univers.[1] Je n'ai pas pris la peine de le présenter à l'édition car j'ai beaucoup travaillé pour réaliser cette étude et j'avais envie de passer à autre chose, ce qui était peut être une erreur. Mais en même temps, à cette époque, je n'étais pas en mesure de réellement me situer par rapport à la conception du temps de la relativité. Et pour l'aspect spécifiquement philosophique, il restait certaines questions à traiter. Je n'avais donc que peu de chance d'atteindre les philosophes et les scientifiques. En effet, comment juger de la pertinence de ma démarche? On risquait de trouver que les idées présentées étaient assez originales, sans être approfondies et suffisamment argumentées. Mon premier livre comporte trois parties, tout d'abord une présentation de la démarche philosophique, puis une deuxième partie sur ce que l'on peut dire du monde physique en suivant le formalisme de la philosophie, et enfin une troisième partie sur la réalisation d'un système de pensée permettant d'approcher certains concepts initiaux de la physique à partir d'un postulat conceptuel sur lequel je vais revenir. Quelques années plus tard, j'ai tout de même publié un extrait de ce livre, « le système de pensée », avec une introduction différente dans un livre intitulé Fondements Conceptuels et Théorie[2]. Ces deux livres, qui comportent des imperfections, abordent des questions concernant la physique mais par le biais de la philosophie. Ils sont insuffisants pour présenter mon positionnement  et réclament d'être complétés, en montrant que l'on peut arriver autrement, et peut-être de manière plus simple et plus adéquate, aux mêmes conclusions. Il y a aussi des points très importants à souligner en ce qui concerne la relativité, une partie de la vision du monde de la relativité aboutirait à certaines « contradictions » et on peut tenter de proposer une alternative. Un partisan de la relativité considérera que cette théorie est parfaitement cohérente, d'ailleurs beaucoup ont essayé de la prendre en défaut sans y parvenir. Si elle était logiquement incohérente, certainement que les scientifiques du monde entier s'en seraient aperçus depuis longtemps. Aussi c'est plutôt une question conceptuelle, mais ayant des répercutions pratiques, que je vais soulever. Je pense même que la conception de l'espace-temps en quatre dimensions à la manière de la relativité est, par certains aspects, fausse et je vais tenter de le démontrer. Cela ne l'empêche pas d'avoir une valeur opérationnelle dans un certain nombre de cas. Évidemment on peut considérer que si la relativité a une valeur opérationnelle, c'est qu'elle a une vision du monde valide. Je ne prétends pas qu'il n'y a pas de dimension temporelle, le temps ne se déroulant pas au même rythme pour tout le monde,[3] mais je remets en cause le principe de relativité de la simultanéité. J'admets par contre la contraction des distances présente dans la relativité. Je vais donner toutes les explications plus loin pour que l'on puisse bien comprendre ma position. Évidemment cela pose un problème très fondamental en ce qui concerne: la vitesse de la lumière, la représentation de l'espace-temps, et l'analyse du mouvement. Je traiterai tous ces points au fur et à mesure. Si on comprend bien la problématique, on s’aperçoit qu'il n'est pas nécessaire d'être physicien, ce qui est mon cas, pour traiter cette question. Je vais donner tous les éléments me permettant d'arriver à cette conclusion. Ceci dit, j'ai beaucoup échangé avec des personnes plus amplement informées sur ce sujet.

 

            Dans mon premier livre, en suivant le formalisme de la philosophie et en regardant les phénomènes du feu et de la réaction atomique, j'ai démontré ou tenté de démontrer la nécessité de l'existence d'un principe moteur pour le monde physique en précisant quelle pouvait être sa modalité d'action. C'est à partir de cette analyse que j'ai pu poser, en ce qui concerne le monde physique, un postulat conceptuel. On peut arriver à ce postulat de différentes manières, je vais donc, dans cet article, montrer une autre voie, sans doute plus pertinente, d'y arriver. On peut aussi aboutir aux mêmes conclusions par une analyse scientifique. Il y a des démarches scientifiques aujourd'hui, sur lesquelles je vais revenir, qui s'en rapprochent.

 

            Quand j'ai rédigé mon premier livre, je n'avais lu qu'une partie de la physique d'Aristote et je ne connaissais pas sa position, reprise par saint Thomas d'Aquin, docteur de l'église, sur le premier Moteur immobile, l’Être premier, qui est approché selon des modalités différentes par les traditions religieuses. Mais ma position diffère profondément de celle d'Aristote car, pour ce dernier, le premier moteur agit grâce à un premier corps qu'il met directement en mouvement « le premier mobile », alors que je démontre que, s'il faut un principe moteur, il ne peut agir que de manière immanente et par interrelation. Seule l'action du principe moteur est immanente, il n'est pas en lui-même immanent. Il doit être spirituel car on ne voit pas comment un principe énergétique, qui ne serait qu'un principe énergétique, pourrait être cause d'actuation et être en acte. Il faut donc voir, en tenant compte des avancées de la science actuelle, si l'on peut encore démontrer la nécessité d'un principe moteur, puis si l'existence d'un principe moteur est nécessaire, quelles peuvent être sa nature et son mode d'action. Des philosophes, encore aujourd'hui, voulant démontrer l'existence d'un premier moteur, reprennent la démonstration d'Aristote dans tous ces aspects et ils aboutissent naturellement à l'existence d'un premier mobile, ce qui, on le verra, correspond à une vision mécanique du monde. Mais cela ne permet pas de comprendre tous les mouvements. Je tenterai d'expliquer pourquoi, à mon avis, cette position n'est pas tenable.

 

            Depuis dix ans, j'ai pu échanger avec différents intervenants sur différents forums, par mail et courrier, ce qui m'a permis de préciser mes idées et aussi d'en formuler d'autres. Je me suis, par exemple, comme je l'ai signalé, rendu progressivement compte que ma vision du monde n'était pas conciliable à tout point de vue avec celle de la relativité. Cela m'a amené à tenter de trouver des objections, puis à en formuler en ce qui concerne le principe de relativité de la simultanéité. Je vais donc les reprendre ici pour compléter mon exposé. Ces objections sont assez simples, elles ne convaincront sans doute que peu de scientifiques, mais je crois qu'elles méritent que l'on y prête attention. Il n'est pas si facile que cela de formuler des objections et, si elles ne posent pas de  difficultés pour la relativité, elles indiquent qu'il y a un problème important d'interprétation. C'est en creusant ce problème d'interprétation que l'on verra peut-être qu'il est nécessaire de penser autrement, bien qu'il ne soit pas évident de proposer une alternative. Je souligne un problème de logique, qui indique que, pour la relativité, il faut que le temps soit déjà écrit, ce qui, on le verra, est tout à fait contestable pour diverses raisons. Certains scientifiques aujourd'hui tentent de définir l'espace, le mouvement et le temps de manière relationnelle, ce qui les a déjà peut-être conduit ou va les conduire un jour ou l'autre aux questions que je vais essayer de traiter ici (voir ma lettre ouverte à Monsieur Carlo Rovelli, chapitre 7). On n’arrive pas à concilier à tout point de vue relativité et quanta, qui sont deux théories-cadre de la physique actuelle, d'où leur importance. Il est possible que certains concepts initiaux doivent être approfondis ou même reformulés autrement. Le lecteur de formation scientifique pourra se concentrer sur le chapitre 1 en regardant particulièrement l'objection 2 et l'analyse qui en découle. La remise en cause du principe de relativité de la simultanéité a beaucoup de conséquences en ce qui concerne la vitesse de la lumière, on peut sans doute même dire qu'une partie de la conception de l'espace-temps de la relativité repose sur ce principe. Dans son expérience de pensée du train, Einstein n'a pas choisi la seule interprétation possible (voir chapitre 1), Il y a peut-être une autre voie. Si mes objections étaient pertinentes, il serait même nécessaire de procéder autrement, ce qui pourrait amener beaucoup de bouleversements.

 

            Comme cet article est aussi adressé au monde scientifique, je commence par le chapitre sur la relativité. Puis je tenterai de proposer une vision du monde, en abordant la question de la démonstration de l'existence d'un principe moteur, en expliquant quel peut être son mode d'action, ce qui aboutira à une conception relationnelle de l'espace, du mouvement et du temps. Beaucoup de chercheurs aujourd'hui travaillent sur ces notions, cet article peut être considéré comme une contribution, il est vrai assez originale, à cette recherche. J'ai tout à fait conscience que ma démarche aboutit à une conception du monde physique très étonnante, aussi il est important de bien préciser le raisonnement. Le but de cet article est d'être utilisé et compléter par d'autres, en philosophie, en théologie ou même en physique.

 

 

[1] (de Bellescize, 1990)

[2] (de Bellescize, 2004) [http://f.conceptuels.free.fr/] Le livre "Fondements Conceptuels et Théorie" est une présentation du système de pensée, mais il ne creuse pas les points importants, il est complémentaire aux deux autres livres.

[3] Le temps d'un point de vue physique, pour nous, c'est le rapport entre deux mouvements. Deux horloges identiques peuvent très bien, simultanément, tourner à des rythmes différents du fait des conditions dans lesquelles elles se trouvent.