Un certain argument ontologique
Mes livres tendent à démontrer qu’il y a un argument ontologique (1) permettant d’établir une vision du monde utile à la science actuelle. Il y est question de l’existence de principes fondamentaux qui à un moment donné deviennent, dans le discours scientifique, opportuns, ou même nécessaires à la définition des concepts initiaux.
On doit bien se rendre compte que la signification de certains concepts du fait même de leur universalité n’est pas vérifiable « stricto sensu ». Cette difficulté devient particulièrement flagrante quand une vision du monde tente d’aborder la question des particules élémentaires ou encore celle du cosmos. Dans l’approche que la physique fait de l’imbrication des phénomènes, il reste toujours une grande question sur l’existence ou la non existence de principes premiers pouvant les causer. Cette question, bien que posée à partir d’une approche quantitative et phénoménale, a une connotation métaphysique.
S’il y a un argument ontologique, cela veut dire aussi qu’il y a une rencontre pratique possible entre la philosophie et la science. On entrevoit par là un lien possible entre les théories les plus étranges de la physique et l’expérience immédiate de l’homme ordinaire. Sans cette unité même voilée, on peut se demander comment l’homme de science ne serait pas contraint à un dédoublement intellectuel constant. A coté de cette grande question, beaucoup d’autres questions épistémologiques pourraient être considérées comme subsidiaires.
Cet argument est transdisciplinaire, il est un intermédiaire entre la philosophie et la science et en même temps un dépassement de leurs méthodes réciproques. Il permet de plus la création d’un système de pensée, ayant sa structure propre, domaine à part entière considéré comme proto-scientifique (avant la science), mais en même temps ne pouvant s’en détacher totalement. La structure postulat/conséquence, transcrite au niveau conceptuel, révèle la nécessaire présence du « qu’est-ce? » au sein de la cohérence la plus intime des phénomènes.
Il est question de traduire d’une part la notion de substrat physique, d’autre part celle d’énergie. L’emboîtement des phénomènes et l’unité impalpable du monde physique rendent ces notions difficiles à aborder. Un postulat conceptuel est une façon de formuler l’intuition du scientifique quant à la compréhension de l’harmonie profonde du monde. La forme d’abstraction d’une théorie physique comporte des éléments conceptuels, des éléments mathématiques, des éléments opérationnels (mesure). Nous cherchons simplement à mettre en valeur un des aspects nécessairement présents dans toute théorie importante.
Nous soulignons donc ici l’existence d’un domaine de la pensée qui n’a sans doute été que peu utilisé. Il se trouve aussi que ce domaine, se trouvant au point de jonction de la philosophie et de la physique, est selon nous incontournable à terme. Curieusement il n’est pas certain que les philosophes puissent aborder ce domaine avec facilité car il implique d’une part une certaine culture scientifique, d’autre part un affinement de la méthode philosophique. Pour nous, seule une philosophie de type réaliste peut être réellement mise en correspondance avec la science actuelle, mais ce lien ne peut être réalisé qu’à travers les diverses transpositions que nous indiquons dans notre étude (2). Enfin la notion d’argument ontologique implique des caractéristiques très précises qui limitent grandement les divers cheminements possibles.
Note (1) Ontologie. Partie de la métaphysique qui s’applique à l’être en tant qu’être, indépendamment de ses déterminations particulières. (Dictionnaire Robert). La notion « d’argument ontologique » convient bien si on regarde le sens des termes, et si l’on se place dans le contexte d’une philosophie réaliste. Mais il n’est pas immédiatemment question ici de formuler une preuve de l’existence de Dieu. Il s'agit de découvrir des principes qui ont une valeur, non seulement du point de vue de l'être et de la pure signification, mais aussi de l'efficience, puis de formuler un système de pensée en posant un postulat conceptuel, et en regardant par la suite les conséquences impliquées. Le postulat conceptuel peut être découvert de différentes manières, il permet une rencontre pratique entre la philosophie et la science; ces deux savoirs, dans la connaissance d'un objet particulier, se découvrant comme complémentaires. Si deux savoirs ont une connaissance objective de la réalité, ils ne peuvent pas a terme être contradictoires. Le système de pensée approche la cohérence dans la structure et le mouvement du monde physique, l'objet de la physique étant la perception de cette cohérence dans la connaissance des proportions quantitatives. Il tente de découvrir et de définir les concepts initiaux permettant d'élaborer une théorie générale de l'univers.
Note (2) "A la recherche de la théorie de l'univers" (de Bellescize, 1990), ou pour le système de pensée "Fondements conceptuels et théorie" (de Bellescize, 2004) [http://f.conceptuels.free.fr/] Le livre "Fondements Conceptuels et Théorie" est une présentation du système de pensée, mais il est très succinct et ne creuse pas les points importants. Il est complémentaire aux deux autres livres, mon premier livre "A la recherche de la théorie de l'univers" étant surtout une recherche des premiers principes permettant d'aboutir à un postulat conceptuel.