Rovelli Klein et le temps

Carlo Rovelli a permis à la définition du temps d'Aristote de devenir non circulaire ce n'était sans doute pas son objectif premier.

(1) Pour Aristote, le temps est le nombre du mouvement, selon l’avant et l’après

(2) nombre dans le sens de ce qui permet de nombrer.

(3) Or, Carlo Rovelli nous fait remarquer, en se plaçant dans la perspective d’Aristote, que l’on peut nombrer un mouvement en utilisant un autre mouvement.

(4) À partir de là, il suffit de remplacer « l’avant et l’après », qui sont des notions temporelles, par aller d’un point à un autre pour tel corps en mouvement. En effet, si l’on place un obstacle, on voit bien dans quel sens va le mouvement, sans avoir besoin d’utiliser ces notions temporelles.

LES MYSTÈRES DU TEMPS – 2024  (cliquer)

Étienne Klein de la minute 7:20 à la minutes 8:20 a dit :
Il y en a d'autres plus rares, que l'on appelle les philosophes du concept, qui pensent que le temps ne dépend pas de la conscience.

(a) Aristote, par exemple, qui dit que le temps est le nombre du mouvement selon l'avant et l'après,

(b) jolie formule qui ne veut rien dire, Voir 2

(c) puisque je vous défie de définir les notions d'avant et d'après sans avoir le concept de temps. Voir 3 et 4

(d) Définir le temps à partir d'un concept qui le présuppose, ce n'est pas le définir, c'est fabriquer ce que l'on appelle une tautologie. Vrai

(e) D'ailleurs c'est une grande remarque de Blaise Pascale, dont on fête les cent ans,

(f) il est impossible de définir le temps, Faux

(g) vous ne pouvez le définir qu'en rapport à lui-même. Faux

(h) Alors qu'une vraie définition consiste à montrer comment un concept dérive d'un autre concept qui est plus fondamental que lui. Vrai

(i) Mais pour le temps c'est impossible. Faux

(j) C'est un concept primitif, Faux

(k) comme on pourrait dire.

(l) Soit on l’accepte sans le définir, soit on le refuse et à ce moment là il n'y a plus besoin de définir. Faux

Étienne Klein ne tient pas compte dans son raisonnement de 3 et 4, un oubli qui change tout.

Lettre à Philosophie Magazine (cliquer)

"Un retour à la conception du temps d’Aristote pourrait s’opérer:

 Le temps pour Aristote est le nombre du mouvement selon l’avant et l’après, dans le sens de ce qui permet de nombrer le mouvement. Mais le temps peut être lui-même nombré en établissant un rapport entre deux mouvements, ce qui permet d’éviter le paramètre t – cette idée est présentée et défendue par Carlo Rovelli. En revanche, ce dernier, qui s’inspire de la position d’Aristote, si j’ai bien compris, pense que le temps est discret, ce qui ne me paraît pas totalement dans le prolongement de la conception du philosophe.

C’est la même chose de dire que, pendant tel mouvement de l’horloge, il y a eu tel mouvement du corps, que de dire que, pendant tel mouvement du corps, il y a eu tel mouvement de l’horloge (ce qui permet de se passer du paramètre t). Tout comme on ne peut pas nier, du fait que l’existence d’un corps est continue, que le mouvement d’un corps est continu, on ne peut pas non plus nier que le temps est continu. C’est pour cette raison que Carlo Rovelli, tout en se référant à Aristote, ne va pas, me semble-t-il, au bout du raisonnement.

Le rapport entre deux mouvements peut varier en fonction des conditions spatiales, mais ce n’est pas pour cela qu’il n’existe pas un instant présent pour l’Univers, deux horloges « identiques », placées dans des conditions spatiales différentes, pouvant très bien tourner simultanément à des rythmes différents – par exemple, deux horloges « identiques » à deux étages différents d’un même immeuble. Dire qu’il y a une simultanéité absolue revient à dire qu’il y a un instant présent pour l’Univers. La conception de l’espace-temps de la physique doit être, de mon point de vue, totalement repensée dans ce cadre. Et il faut revenir à une perception aristotélicienne de la causalité, la perception de la causalité, de la relativité restreinte, étant limitée et faussée." Et il survolait les eaux, Vers une nouvelle vision du monde physique ?